Les meubles de jardin plantés dans le désert

Des paysages de cactus cierges, de graminées qui frissonnent dans le vent chaud, avec un sol en latérite et en toile de fond une montagne rocailleuse et aride… Les nouveaux catalogues des éditeurs de mobilier de jardin Ethimo, Unopiù et Sifas rompent singulièrement avec les codes de l’ambiance outdoor de ces dernières années qui jouaient la carte du prolongement du salon dans un esprit cocooning dedans-dehors.
C’est désormais un univers désertique quasi lunaire qui sert de cadre et d’inspiration aux collections de jardin. La marque italienne Pedrali présente son modèle de chaises Panarea sur la terrasse du res­tau­rant Khufu’s, au pied des pyramides de Gizeh, situées non loin du Caire, à la lisière du Sahara.
Quant aux poufs Mai du designer Ilia Eckardt pour Tribù, c’est la culture bédouine, qui s’épanouit depuis des siècles dans la région du mont Sinaï, en Egypte également, qui a inspiré leur format carré et rectangulaire, au tricot beige comme un tissage végétal. Chez le même éditeur, la collection de tables basses Dunes se veut aussi un hommage à ces reliefs de sable, mais aussi au film de Denis Villeneuve Dune, tourné dans la ­vallée de Wadi Rum, en Jordanie, qui a popularisé cet environnement à tendance dystopique.
Julien Armaroli, troisième génération à la tête de l’éditeur Sifas, relève d’autres éléments qui ont fait de ces étendues arides le cadre naturel de l’univers de l’out­door version 2024. « Voilà quelques années que notre clientèle est issue de pays aux températures extrêmes, notamment l’Australie ou les pays du Golfe. Exposer nos produits dans ce cadre induit implicitement leur résistance à la chaleur. Et, plus globalement, au réchauffement climatique en marche. »
D’autres raisons, plus personnelles, ont poussé le jeune entrepreneur à s’intéresser à cet environnement qui couvre plus d’un cinquième de la superficie terrestre mais qui demeure mystérieux pour nombre d’entre nous. « J’ai suivi des études en Arizona et, là, j’ai découvert la richesse des couleurs du désert de Sonora, aussi méconnues que fascinantes. »
C’est ainsi que Sifas, à l’instar de ses concurrents du secteur du meuble de jardin, a développé pour ses collections une palette inspirée des teintes du désert, par exemple un vert cactus qui tranche avec un orange chaud ou des jaunes sable. « Et puis, c’est frappant à quel point ces paysages dépouillés, ces tona­lités minérales s’associent avec des architectures contemporaines. D’ailleurs, l’Arizona est une terre de maisons modernistes ultra-minimalistes », fait encore remarquer Julien Armaroli, qui nous tend cet été un miroir vers le futur avec ces univers minéraux faits de dunes et de soleil écrasant.
Marie Godfrain
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